L’amitié pourrait se définir comme une relation affective et, de préférence, réciproque entre deux ou plusieurs individus. C’est un lien caractérisé par des sentiments d’affection, voire de tendresse, de soutien, de confiance et de respect mutuel. Ces mouvements affectifs construisent et renforcent le lien amical de manière à pouvoir partager, entre deux ou plusieurs sujets, des confidences et des secrets sans crainte de jugement.
Pour la psychanalyse, l’amitié serait une relation libidinale soutenue par une pulsion vers l’objet mais dont le but sexuel serait sublimé vers d’autres valeurs telles que la solidarité, la fidélité, le partage, le soutien. L’amitié est un sentiment qui évolue au gré des circonstances de la vie, des étapes du développement psychique, de la recherche de soi et de la conflictualité interne.
Les amitiés chez l’enfant et l’adolescent sont essentielles pour leur développement social, émotionnel et cognitif. Influencés par les relations précoces qu’ils ont pu vivre, ceux-ci y apprennent progressivement à élargir leurs relations sociales et à construire des liens, à partager et à résoudre des conflits. Une approche plus analytique de ces relations particulières tente d’essayer de comprendre leurs enjeux sous-tendus par l’identification, la recherche du lien, la réparation mais aussi les prismes du désir, les conflits internes et les mécanismes de défense.
Les amitiés chez les jeunes enfants semblent, a priori, caractérisées par une certaine simplicité. Elles se déploient le plus souvent en présence, grâce à la proximité géographique, aux intérêts identiques pour certains jeux ou certains sports et leurs quotidiens communs. Elles aident les plus petits à se confronter à leurs compétences sociales et à renforcer l’estime de soi quand l’enfant se sent valorisé et compris. Cependant, ces amitiés, même chez les tout jeunes enfants peuvent prendre un tour plus passionnel s’ils se sentent rejetés ou en rivalité avec un autre.
Les amitiés à l’adolescence sont souvent marquées par des émotions intenses, les jeunes peuvent ressentir une grande proximité avec leurs amis ainsi qu’une forte loyauté. Leurs relations amicales peuvent être tumultueuses, voire passionnelles avec des ruptures qui leur semblent tragiques. Quand ceux-ci ressentent que leur engagement est trahi, bien souvent, ils n’accorderont plus jamais leur confiance à l’autre. La radicalité propre à l’adolescence se joue et se rejoue sans cesse sur la scène de leurs liens d’amitié.
Dans un monde de plus en plus interconnecté, les amitiés prennent des formes variées, influencée par la technologie et les réseaux sociaux numériques. L’illusion de la proximité à travers les interactions en ligne peut amener à une idéalisation d’un lien qui n’existe que virtuellement et une profonde déception si la connection est stoppée. Le manque de contact physique peut limiter (ou parfois permettre) l’expression des émotions. Devons-nous aller vers de nouvelles définitions de l’amitié qui se déploient de plus en plus de manière virtuelle, parfois sans rencontre réelle ? Ces amitiés à distance ont-elles la même authenticité, la même intensité que quand elles se développent en proximité ? Cependant, nous constatons, à travers ce que les jeunes montrent sur le plan clinique, que ces liens virtuels peuvent aussi amener l’opportunité de créer des liens significatifs.
Du côté des adultes, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner pour l’enfant, nous observons aujourd’hui, que, grâce aux progrès médicaux, la parentalité peut être portée par des amis qui ne sont pas nécessairement en couple. Elle ouvre sur un « être parent » à deux ou à trois voire à quatre. De nombreux exemples montrent que des amis peuvent choisir de s'unir pour créer une famille sans relation amoureuse entre eux.
A l’écoute de l’inconscient des jeunes d’aujourd’hui, de ces nouvelles formes d’amitié, de ce qu’ils amènent en séance sur l’importance que peut prendre le monde virtuel dans leurs vies, des nouvelles déclinaisons de la parentalité et de leurs implications sur le développement des enfants, les cliniciens sont bousculés dans leurs approches psychothérapeutiques et sollicités sur le plan contre-transférentiel. Leurs paradigmes classiques sont à repenser face à cette accélération inéluctable des mutations de l’amitié.
TELECHARGER le programme 2026 du séminaire et les modalités d'inscription